Let Jazz Resonate Across the World
Some years close with a whisper; 2025 ended on a resonant chord. It was a year in which jazz seemed to be reborn from studios, clubs, and laptops across the United States and Europe, a creative swell reminding us why this music remains one of the most adaptable, generous, and quietly revolutionary art forms we have. For Bayou Blue Radio, it was also a year of profound transition, somewhere between the romantic idea of radio as a warm, analog refuge and the increasingly complex reality of digital production.
By December, our shift to an all-digital workflow was complete. But this transition revealed a less glamorous dimension: the growing tendency among record labels and independent artists to send downloadable audio files rather than CDs. For them, streaming links were more convenient; for us, they threatened our editorial independence. With SSD prices rising, we found ourselves needing to buy a new 2-terabyte drive nearly every two months, drives that now pile up on our shelves like ghostly archives of modern jazz, each holding a fragment of a sonic landscape still in the making.
Amid these logistical contortions, our broader ambitions were evolving at a slower, more meditative pace. We were actively studying what the next phase of Bayou Blue Radio could be. Should we take the leap into FM, a medium that still carries genuine cultural weight? Or, given the steady growth of our audience, should we invest in a physical space, a hybrid of radio center, small venue, and workshop, where live sessions could unfold and where young people could not only learn to listen to jazz, but to produce it, document it, understand it? These questions, both philosophical and practical, will guide our thinking throughout 2026, as well as our conversations with several of our long-standing partners.
Promoting jazz, as we broadcast it, has become an anomaly in today’s media ecosystem. Coverage is rare, algorithms reign, and nuance is often reduced to a commodity. Our editorial line rests above all on quality and intention: the sound must carry meaning; the music must demand attention. To preserve this identity, we weave into our programming a few strands of historical funk, drawn primarily from Philadelphia, along with touches of blues and folk. What I describe here is only the visible surface; the deeper architecture of our sound, its balance of climates and textures, remains a kind of secret craft.
We know that, at some point, we will need to welcome advertising. But not the sort that slices programs with hurried jingles or bargain-basement offers. Ours will need to be different: elegant sponsorships tied to specific shows, forged with partners who understand that jazz flourishes in spaces where curiosity is not constantly shattered by commercial noise. If we are to achieve any form of financial viability, and we must, it will be thanks to an ecosystem chosen with care, aligned with our mission rather than merely our airtime.
Sharing a frequency with another station remains out of the question. Our programming is too singular, our aesthetic choices too deliberate. Equally essential is our commitment to original journalism. As you may have noticed over the past year, we no longer broadcast programs produced elsewhere. This is intentional. Our goal is to maintain a narrative and editorial coherence that only fully internal production can guarantee.
Our mission is, above all, educational. And that mission feels more urgent than ever. We live in an era where cultural memory frays, where those who should safeguard it often seem overwhelmed or indifferent, where spaces for deep listening and reflection are increasingly scarce. Jazz, a mirror of struggles, improvisations, dialogues, identities, needs advocates willing to preserve its memory while nurturing its future. Most jazz artists today face the same obstacle: visibility. Many work alone in home studios, creating music of great depth, only to see it struggle for existence in a digital world where algorithms flatten nuance and reward conformity. Platforms like Spotify have become vast, indifferent oceans; without a lighthouse, countless artists drift out of sight.
In this context, the very existence of a medium like ours, and the loyalty of its audience, constitutes a small act of cultural resistance. A reminder that originality still matters, that listening can still be intentional, that art can still find refuge outside the commercial machines that shape so many facets of modern life.
As we enter 2026, we move forward with optimism and resolve. We will continue refining our vision, rethinking our tools, and reaffirming our mission: to let jazz resonate widely, freely, and with all the dignity it deserves.
To all of you who listen, reflect, dream, and share this journey with us, we wish you an inspiring and generous new year.
Thierry De Clemensat
French journalist Based in Austin, Texas, Writes on Jazz, Culture and Global Society
French:
Que le jazz résonne dans le monde entier
Certaines années se referment dans un murmure ; 2025 s’est achevée sur un accord vibrant. Ce fut une année où le jazz a semblé renaître des studios, des clubs et des ordinateurs portables à travers les États-Unis et l’Europe, une vague créative rappelant pourquoi cette musique demeure l’un des arts les plus adaptables, les plus généreux et les plus discrètement révolutionnaires qui soient. Pour Bayou Blue Radio, ce fut aussi une année de transition profonde, quelque part entre l’idée romantique d’une radio comme refuge chaleureux et analogique et la réalité toujours plus complexe de la production numérique.
En décembre, notre passage au tout-numérique était achevé. Mais cette transition a révélé une facette moins glamour : le choix croissant des labels et des artistes indépendants de continuer à envoyer des fichiers audios téléchargeables plutôt que des CD. Pour eux, les liens de streaming semblaient plus pratiques ; pour nous, ils menaçaient notre indépendance éditoriale. Avec la montée des prix des SSD, il nous faudrait acheter un nouveau disque de 2 téraoctets presque tous les deux mois, des disques qui s’empilent désormais sur nos étagères tels des archives fantômes du jazz moderne, chacun abritant un fragment d’un paysage sonore encore en pleine formation.
Au milieu de ces contorsions logistiques, nos ambitions plus larges évoluaient à un rythme plus lent, plus méditatif. Nous étudions activement la question de ce que pourrait être la prochaine étape de Bayou Blue Radio. Devons-nous franchir le pas vers la FM, ce média qui conserve encore un poids culturel réel ? Ou, compte tenu de la croissance régulière de notre audience, devons-nous investir dans un lieu physique, à la fois centre radiophonique, petite salle, atelier, où pourraient se dérouler des sessions en direct et où les jeunes pourraient apprendre non seulement à écouter le jazz, mais à le produire, le documenter, le comprendre ? Ces questions, à la fois philosophiques et pratiques, guideront nos réflexions tout au long de 2026, ainsi que nos échanges avec plusieurs de nos partenaires historiques.
Promouvoir le jazz, comme nous le diffusons, est devenu une anomalie dans l’écosystème médiatique actuel. La couverture est rare, les algorithmes sont souverains, et la nuance est souvent réduite à une marchandise. Notre ligne éditoriale repose avant tout sur la qualité et l’intention : le son doit porter un sens, la musique doit réclamer l’attention. Pour préserver cette identité, nous tissons dans notre programmation quelques fils de funk historique, venant principalement de Philadelphie, une touche de blues, une pointe de folk. Ce que je décris ici n’en est que la surface visible ; l’architecture profonde de notre son, cet équilibre de climats et de textures, demeure une sorte de secret de fabrication.
Nous savons qu’il nous faudra, à un moment, accueillir de la publicité. Mais pas du genre qui coupe les émissions de jingles pressés ou d’offres low-cost. La nôtre devra être différente : des sponsorisations élégantes, liées à des émissions précises, avec des partenaires qui comprennent que le jazz s’épanouit dans des espaces où la curiosité n’est pas constamment brisée par le bruit commercial. Si nous devons atteindre une forme de viabilité financière — et nous le devons, ce sera grâce à un écosystème soigneusement choisi, aligné sur notre mission plus que sur notre simple temps d’antenne.
Partager une fréquence avec une autre radio reste hors de question. Notre programmation est trop singulière, nos choix esthétiques trop délibérés. Tout aussi essentiel est notre engagement envers un journalisme original. Comme vous l’avez remarqué au cours de l’année écoulée, nous ne diffusons plus d’émissions produites ailleurs. C’est volontaire. Notre objectif est de maintenir une cohérence narrative et éditoriale que seule une production entièrement interne peut garantir.
Notre mission est, avant tout, éducative. Et cette mission paraît aujourd’hui plus urgente que jamais. Nous vivons une époque où la mémoire culturelle s’effiloche, où ceux qui devraient la défendre semblent dépassés ou indifférents, où les espaces d’écoute profonde et de réflexion se raréfient. Le jazz, reflet de luttes, d’improvisations, de dialogues, d’identités, a besoin d’avocats prêts à préserver sa mémoire tout en nourrissant son avenir. La plupart des artistes de jazz aujourd’hui font face à un même obstacle : la visibilité. Beaucoup travaillent seuls dans leurs studios domestiques, créant une musique d’une grande profondeur, pour finalement la voir lutter pour exister dans un monde numérique où les algorithmes uniformisent la nuance et récompensent la conformité. Les plateformes comme Spotify sont devenues des océans immenses et indifférents ; sans phare, nombre d’artistes passent inaperçus.
Dans ce contexte, l’existence même d’un média comme le nôtre, et la fidélité de son public, constitue déjà un petit acte de résistance culturelle. C’est un rappel que l’originalité compte encore, que l’écoute peut toujours être intentionnelle, que l’art peut trouver refuge en dehors des machines commerciales qui façonnent tant d’aspects de la vie moderne.
En abordant 2026, nous avançons avec optimisme et détermination. Nous continuerons d’affiner notre vision, de repenser nos outils, et de réaffirmer notre mission : faire résonner le jazz largement, librement, et avec toute la dignité qu’il mérite.
À vous toutes et tous qui écoutez, réfléchissez, rêvez et partagez ce chemin avec nous, nous vous souhaitons une année nouvelle inspirante et généreuse.
Thierry De Clemensat
French journalist Based in Austin, Texas, Writes on Jazz, Culture and Global Society

